La rosée fraîche matinale habillait les plantes du village caché de la feuille. Les commères matinales papotaient en regardant leurs gosses partir à l'académie. C'était un lundi à l'automne de bonne augure. Un temps exquis diront certains. Mes bandeaux s'enroulaient autour de mes chevilles, de mes poignets. Me dressant de mon estrade de bois, je descendis le petit escalier de mon habitation. Les sandales dans la poussière humide des chemins de Konoha, je passe un regard inflexible sur les environs. C'est aujourd'hui que je devais commencer l'apprentissage.

Haletant des épaules, d'une dégaine banlieusarde, je tentais de me faufiler mollement entre la foule. Les gens étaient si las, comme si rien de mauvais ne pouvait atteindre leur esprit. Il m'arrivait de croiser deux ou trois expressions maussades. Le tissu noir de mon manches longues banales me délivrait un air neutre, mains dans les poches, je sentais pourtant que je n'échappais pas aux attentions curieuses de quelques commères autour de moi. "Regarde, c'est lui. Les pupilles écarlates." On me confond parmi de lugubres histoires de démon. Décidément, la différence est un délice que l'Homme n'apprécie guère.

J'entre puis arrive jusqu'à l'accueil de la grande bibliothèque du village. Une fois préparé et prêt, je pris la direction de mon appartement. Non pas que la sueur et l'ambiance des terrains d'entraînement n'aient pas mes faveurs, seulement, aujourd'hui était différent, l'entraînement était d'un autre genre.

Passé le pas en bois de la porte, je refermais mon grand velux de bois et aux motifs feutrés. Il faut savoir que je vis dans un foyer modeste, à la hauteur de mes moyens. Je suis de nature économe, car il me faut toujours de quoi investir, parchemins, matériels en tout genre, je me dois d'être bien armé. Déchaussés, sandales rangés, je me mis torse nu afin de pratiquer quelques exercices physiques. D'habitude maigre et de squelette exécrablement visible, je souhaitais prendre du poids, du muscle. Devenir un homme m'importait peu à vrai dire, je n'ai jamais cherché à briller, ni sur ce point, ni sur d'autres. Malheureusement, le combat exige une tenue physique régulière et endurante, c'est pourquoi j'avais pris la décision de former la masse squelettique.
Je m'égare. Je déroule un parchemin, de taille moindre, on aurait pût s'imaginer un large panel de couleur développant un tableau de qualité. Au lieu de ça, les Kanji annotés sur la toile démontraient un goût certains pour l'art ninja. Mon chakra montait doucement en rythme, comme une symphonie de toujours qui reprenait son tempo.

Un scellement, c'est ce que je prévoyais d'effectuer, d'apprendre. On dit qu'un contrôle minutieux des flux de son corps, de son esprit et de son chakra, est requis. C'est la raison pur laquelle aucune personne de mon âge n'effectue de sceau. Pas même moi, je m'attaque là à une montagne pentue et rude. Une aspiration surpuissante devrait normalement se produire une fois le scellement apprivoisé.

J'approche doucement du parchemin et laisse le calme m'envahir. J'observe une minute la salle, un salon tout de bois revêtu. Une odeur fraîche inexistante m'envahit les narines, je sens enfin couler en moi une source calme et apaisante. Une chaleur qui redescend pour laisser les essences fraîches de mon métabolisme me parcourir lentement.

Le parchemin en lien avec mon esprit d'un contact de la main, je peux désormais approcher la suite du processus dans un calme glacé. Je l'enroulais doucement, une première fois, puis le déroule d'une violente fois en concentrant mon chakra de manière fixe au centre des calligraphies. J'imagine une aspiration sans faille des énergies environnantes, et, du premier coup, j'obtins un cuisant échec. Alors je repris l'action jusqu'au soir sans aucun résultat. La persévérance dont je fis preuve aurait pu me donner un semblant de fierté. Cette hypothèse aurait été recevable si seulement je n'étais pas Akira, le prodige à qui rien ne résiste. L'enfant pour qui l'échec n'avait qu'un synonyme, l'inconnu.

Quelques traces teintées de bleu apparurent une première fois singulière, il devait être l'heure du dîner, déjà. Je décidais alors de m'arrêter, quelques exercices physiques, un long étirement des muscles de mon corps, et je pus enfin manger. Pour me vider l'esprit, je vins à la taverne Arashi. Cependant, rien n'avait de goût à ce moment précis, je ne pensais qu'à réussir ce scellement. Rentré après une bonne heure dans ces lieux sombres et dénué de conscience, je me retrouvais seul avec moi même. Dans une obscurité totale, je repris.

Âprement combattue, ma lutte contre la défaite était sans fin. Je regardais parfois l'horloge tourner pour ensuite repartir de plus belle. Mes mains devenaient moites, une coulée transpirante flottait le long de ma colonne vertébrale. Quelques bâillements annonçaient une fatigue psychique qui arrivait déjà tard. Je ne souhaitais pas me lamenter ou me contenter, mais je ne pus m'empêcher de penser à l'effort surhumain que cela demandait. Les flottements de bleu se multipliaient depuis déjà une bonne heure, leur taille devenaient elles plus conséquentes. Cependant, les manuels décrivent un effet que j'imagine bien plus puissant, beau, bien plus majestueux. Je repris quelques verres d'eau, me déshydratant, j'imaginais en continu les formules spirituelles que demandaient le fuinjutsu. Ma tête tournait parfois, d'un coup d'oeil, je prends connaissance de l'heure. Je fis le vide dans la masse cérébrale qui ornait mon corps, je fis le vide de mon esprit, je fis le vide intégrale sur moi même. Quand je rouvris les pupilles, mon Gokkan s'était activé instinctivement. Je le sentais, car la chaleur que procurait ce dojutsu était décelable à la seconde près. Je distinguais la couleur du chakra à chacun de mes mouvements, comme je répartissais mal les dosages, je n'épuisais pas normalement mes réserves. Cependant, cette fois, le gokkan accéléra les choses jusqu'à me démontrer la splendeur du geste. Lorsque je relevai le regard jusqu'à l'ornement central du mur en face de moi, je compris que j'avais passé la nuit entière à m'entraîner. Mes réserves étaient mortes.