Tao avait continué son chemin jusque dans une taverne au village de Trann, regardant sans cesse derrière lui, comme s'il se sentait chassé, et vérifiant régulièrement que le butin de son larcin était toujours contre sa poitrine, dans l'un des compartiments pour parchemin de son gilet. Il avait pris de gros risques pour voler ce jutsu interdit, mais au vue de la somme astronomique que lui avait proposé le clan Mitsuko, il n'avait su refuser. Tao n'avait pas l'intention de sacrifier sa vie pour Konoha, comme l'avait fait la plupart de ses camarades. Mieux valait déserter que de tuer a nouveau des inconnus en attendant que ce ne soit a son tour de descendre dans la tombe. Il continuerait vers l'est, empocherait l'argent, puis deviendrait marchand au pays du fer. Ce n'était pas la vie dont il avait toujours rêvé, mais ninja... Mieux valait oublier. Pour l'heure, un peu de repos lui ferait du bien.

L'établissement était plutôt miteux, majoritairement construit en bois. La plupart des tables étaient bancales et les sièges n'étaient que des petits bancs inconfortables. La clientèle, constituée d'ivrognes et de sans le sous, reflétait la qualité de l'endroit. Derrière le bar, le patron, un homme de très forte corpulence, ne pouvait s’empêcher de poser la main sur sa lame a chaque fois que quelqu'un entrait. Le pauvre homme avait sans doute du défendre sa caisse a plusieurs reprises, et a en croire ses réactions, cela lui avait porté sur le moral.

Lilith était accoudée au bar. Comme a son habitude, son sugegasa lui cachait le visage, et son long manteau noir recouvrait son corps de la nuque aux pieds. Elle avait commandé une coupe de saké pour ne pas paraître impolie, mais a cause du manque évident d’hygiène dans l'établissement, il était hors de question qu'elle pose les lèvres sur cette vaisselle. La jeune femme n'était pas ici pour le sake... Dans son dos, Tao dévorait un morceau de tofu. Le pauvre homme n'avait toujours pas remarqué qu'il avait été suivi. Non seulement par la bretteuse, mais aussi par un homme étrange, assis au fond de la salle. Lui aussi portait un long manteau, et une capuche lui cachait le visage. Celui ci avait sans doute du repérer Lilith depuis un petit moment déjà. Avait il, comme la jeune femme, déjà élaboré un plan? Elle ne tarderait pas a le savoir...

Tao se leva enfin de sa chaise. Le ventre plein, il se dirigea vers les toilettes. C'était le signal pour Yojimbo. Elle se leva, comme si tout été normal, et se dirigea a son tour vers la salle d'eau. Au bout de quelques secondes, Tao sortit des toilettes. Il resserra le bandana qui recouvrait son crane rasé, en jetant un coup d’œil en biais a l'inconnu au fond de la salle. Avait il enfin repéré l'homme qui suivait sa trace? Il s'approcha de sa table en traînant ses tabis, posa quelques pièces a coté de son assiette vide, lança a nouveau un regard a son poursuivant, et sortit de l'établissement en courant. Il courut comme quelqu’un qui avait quelque chose a se reprocher, comme quelqu'un qui ne tenait pas a ce que Akira Shizen -même s'il ne connaissait pas ce nom- ne lui mette enfin la main dessus, comme si l'enfer lui avait donné la chasse...

Il ingurgitait son plat comme un véritable animal. Je l'observais du coin de l'oeil, au sens le plus propre de l'expression. Ma capuche camouflait mes traits et mes cheveux, je pris le soin d'activer mon gokkan pour analyser l'homme. C'est une filature vieil d'une semaine, déjà. Un temps extraordinaire, surtout comparé à ce que j'ai déjà pu voir.

J'avais le loisir d'observer la crasse et la pauvreté, la misère, des lieux. Le village était mince comme une vulgaire fourmi, si c'est cette comparaison que l'on prend, alors Konoha est un lion majestueux. Passons, il me semble que je m'égare.

Les pupilles saignantes réagirent, au travers du tissu se mettait en place, doucement, ma parade. J'exprime le fait de parade car il me semble que je suis face à un professionnel de la fuite. Et il me parait clair que ce n'est pas tout.

Les toilettes, endroit propice à la fuite, furent choisis par ce dénommé Tao. Alors qu'il sortait de table, je restai assis, planté sur mon siège bourré d'inconfort. Il ressortit après un temps convenable, évaluation: Deux minutes et trente-cinq secondes. Soit rien n'était factice, soit j'étais face à un professionnel, ou des. Appuyant sur mes deux jambes, une fois celui-ci sorti, je pris le soin de le suivre. Mes yeux menteurs me dévoilèrent la fausseté de l'affaire. Un tournant de chakra propre à celui d'un clone se dressait en face de moi. Esquivant son trajet, je tournais au coin de la taverne, à l'abri des regards.

-Bunshin no jutsu.

Un second prit la suite, il repartit aux traces de ce faux Tao. Un troisième partit en éclaireur à la taverne.

Prenant le chemin inverse, je revenais sur mes pas. La taverne n'avait que peu changé, pour ne pas dire qu'elle était identique.  Encore planté, j'attends le rapport de mon clone pour me dévoiler. Il passe entre les masses, les ivrognes et les quelques aguicheuses du hameau. Arrivé au toilette, il prit soin de regarder de manière tout à fait débutante, sans contre prévu au préalable.

De là commence la scène, pensais-je, toujours au coin de la taverne, en exposition à la rue.
Une curieuse invitée encapuchonnée discutait avec ce cher Tao. Mon clone, aux pupilles ardentes, immobilisa en premier Tao. D'un genjutsu quelconque, il pétrifia celui-ci. Fixant ensuite l'invité du bal des tromperies.

-Quel professionnelle.

Un instant de flottement dans l'entame timide de la conversation puis mon alter-ego reprit de plus belle.

-C'est un clone que vous aviez en face de vous, cependant. Tao est justement maître dans les clones de ce genre, leur signature ne permet aucune détection par le chakra. Je ne peux moi même pas m'avancer sur ce point, seulement, le vrai et formel Tao n'aurait pas été si bêtement prit dans mon illusion.

En disant vraisemblablement trop, je baissais, je l'espère, ainsi sa garde. Durant l'instant de la rencontre avec ce troisième larron, je pris la précaution de m'intercaler derrière le mur, à quelques mètres à peine de la confrontation entre mon clone, et celle-ci.

Les clones d'ombre de Tao étaient impressionnants. Même un Senseur tel que Lilith ne pouvait détecter un faux du vrai. Mais la technique avait cependant de nombreux points faibles... Le chakra total de l'utilisateur étant répartit équitablement entre les clones, et la fatigue accumulée par ceux ci étant réattribuée a l'utilisateur au moment ou ils disparaissent, cela faisait tout de même des gros inconvénients. De plus, une simple lecture de l'esprit ayant permis a Lilith de savoir ou se trouvait le vrai Tao sans que celui ci ne s'en rendre compte, son stratagème n'avait donc pas été efficace.

Akira avait passé le test de Lilith. Le simple clone de la bretteuse transformé en Tao avait été inutile. La jeune femme avait senti le Konoha-jin faire le tour de l'établissement pour se placer dans la rue, derrière le mur se trouvant dans son dos. Elle avait aussi senti l'apparition des deux clones, le premier courrait après le sien, le second n'avait pas tardé a faire irruption dans la pièce.

"_ Quelle professionnelle." annonça le double en plaçant le faux Tao dans un Genjutsu "C'est un clone que vous aviez en face de vous, cependant. Tao est justement maître dans les clones de ce genre, leur signature ne permet aucune détection par le chakra. Je ne peux moi même pas m'avancer sur ce point, seulement, le vrai et formel Tao n'aurait pas été si bêtement prit dans mon illusion."

Le sugegasa de Lilith cachait comme d'habitude le haut de son visage. De la ou il était, l'interlocuteur ne pouvait voir que sa boucle esquissant un léger sourire. Il ne lui avait rien appris qu'elle ne savait déjà, mais elle appréciait cependant le compliment. La jeune femme sortit lentement une aiguille de sa manche et l'enfonça d'un coup sec dans l’œil du faux Tao. Celui ci disparut dans un léger nuage de fumée. Pas question que le jeune ninja suive son exemple et soutire des informations au clone. Après tout, s'il l'avait mis sous un Genjutsu plutôt que de le tuer, c'était sans doute dans ce but.

"_ C'était un clone en face de moi, en effet." commenta Lilith "Et c'est aussi un clone devant moi en ce moment..."

Le sourire disparut du visage de Yojimbo alors que, sans crier gare, elle invoqua son Nodachi directement dans sa main gauche en se tournant face au mur. De sa lame gigantesque, elle le frappa trois fois. L'acier s'y enfonça comme dans du beurre, sans un seul bruit. D'un doigt, elle poussa légèrement l'obstacle qui tomba dans la rue. Le son engendré par la chute des gravats fut aisément couvert par le brouhaha venant de la salle du bar. Lilith mis son katana géant sur son épaule comme s'il s'agissait d'une plume, et sortit a l'air libre par l'ouverture qu'elle venait de trancher. Celle ci avait la forme d'un rectangle parfait. Il ne manquait plus qu'une porte, et l'aubergiste pourrait se venter d'avoir une sortie de secours dans son établissement. Une fois dehors, la jeune femme pris une grande bouffée d'air frais en se tournant vers l'Akira originel. Elle remonta son sugegasa, pour pouvoir voir son adversaire de ses yeux, et repris son doux sourire innocent.

"_ Je préfère éviter les intermédiaires. Tu es?"

Dans l'étroite ruelle sombre, les deux adversaires ne seraient pas dérangés.

Bingo. Je ne pouvais me montrer satisfait de la situation par soucis de cohérence. Le doué de la fuite avait prit les devants dans cette affaire à trois. Il avait filé, one more time. Cependant, face à cet affreux échec, le troisième larron désormais mêlé me donnait un large signe de réconfort. Il avait regardé, tout naturellement, père de sa déchéance, j'observais celui-ci avec une sorte de mélancolie, pour ne pas changer.

-Je préfère éviter les intermédiaires, tu es ?

Directe, son sugegasa relevé, les yeux perçant les miens. Ca y est, nous y étions. Je contins sans grand effort le rictus humain qui me prenait. L'air satisfait bien encré en mon fort intérieur, je n'en dis rien, n'en démontrai rien. D'une seconde à l'autre, je serai là, tout près de son buste. D'un violent coup de pied, j'enverrais son corps valser contre les gravas. Prendrai soin de lui faire voir la défaite.
Avant cela, je fis de ma voix une tonalité désagréable. De mes yeux, un vaste néant flou et obscur. D'un geste, je remis en place la mince première mèche balayant mon front. Pupilles écarlates brillaient seuls dans une ambiance grisante de noir et de blanc.

-Baka.

Elle me retrouve né à né avec elle, une distance de sécurité à peine respectée. Sa masse légère s'écrase dans les gravas, une poussière ambiante pris place dans la légère action détonante.

Toujours dans le même rêve, la même sorte de tromperie: Muni de mes shurikens, j'envoyais valser ceux-ci sur les côtés à distance intermédiaires de son corps. Les fils de chakra se chargèrent de l'immobiliser.

Pendant ce laps de temps, je pris connaissance de la réalité pour ne pas rencontrer de mauvaises surprises. Il était, après tout, dangereux de s'affronter dans une illusion par ces conditions. Je pris la liberté de regarder à gauche, à droite. Le milieu était aussi désertique que dans nos rêves. Une ruelle sombre teintée de quelques odeurs répugnantes, finalement, je préfère bien mes illusions bercées au rythme de mes caprices.

Ce fut rapide. J'approchais pas à pas jusqu'à la malchanceuse du jour, prêt à exercer mon joug. Lorsque je posais pied sur une flaque d'eau médiocre, un bruit perçant comme un cri animal ou un son indéchiffrable, indescriptible, se fit entendre.

Rattrapé par l'irréalité, j'étais fixe, devant un spectacle vide. Ou était-elle, cette salope ?! Mes nerfs firent défaut bien vite, merde. D'un léger hochement de tête, je sentis la résistance ferreuse d'un objet dont je connaissais bien les usages.

Une mèche chatouillant ma nuque, je ne pus que deviner sans même voir. Elle était en position, prêt à m'abattre. Comment avait-elle pu retourner mes yeux ? Personne ne l'avait encore fait, quel honte je ressentis sur l'instant.

Quelques battements de coeurs, le temps de changer le décor et nous voici rôles inversés de l'initiale positionnement.J'étais, dos au mur salement amoché, en pleine confrontation avec mon redoutable ennemi. Elle était quelques espaces plus loin devant moi, elle aussi, contenait un rictus malheureux.
Les nerfs à bloc, je laissais naître un sourire amusé. Illusion perfide, nous étions donc les mêmes types d'individus, elle et moi.

-Akira.

En parfait garçon, je réagissais à sa requête première. Et toi, qui es-tu ?

"_ Baka."

Les pupilles rouges et noires se mirent a briller, envoyant a Lilith les images d'un enchaînement improbable. Jamais le garçon n'aurait réussi a faire voler Lilith si simplement, d'une manière si directe, et sans une once de stratégie. La chimère reflétait seulement le désir de pouvoir de l'adolescent.

*Une Genjutsu d'immobilisation... Est ce la donc le pouvoir de ce Dojutsu? * pensa Lilith * Si l'illusion est sa principale force, le pauvre enfant est mal tombé...*

Devant les étranges pupilles de son adversaire, Yojimbo s'était défait sans mal du Genjutsu. Aussi, le garçon semblait avoir compris qu'il n'avait pas a faire a n'importe qui, et préféra répondre a la question de Lilith comme pour tenter de se faire pardonner de son affront.

"_ Akira. Et toi, qui es-tu?"

Après tout, Tao ayant décidé de rester caché pour la soirée, Lilith n'était pas pressée. Rien ne l’empêchait de jouer un peu avec le Konoha-jin. Elle devait cependant ne pas trop en faire, ne souhaitant pas tuer l'enfant qui lui faisait face. Sans quitter l'original des yeux, la jeune femme planta son Nodachi dans le sol d'une main, et tira une aiguille de l'autre, visant entre les deux yeux du clone qui était toujours a l’intérieur de la salle d'eau. En exécutant ces mouvements comme s'ils étaient les plus naturels du monde, elle répondit d'une voix légère:

"_ Moi?" Yojimbo montra quelque chose du doigt "Je suis elle..."

Derrière Akira, une seconde Lilith lui tournait le dos. Celle ci pris a son tour la parole en indiquant le toit au dessus d'eux :

"_ Et aussi elle..."

Perché sur les tuiles, une troisième rouquine enchaîna :

"_ Mais surtout..."

Lilith avait profité de la distraction apportée par ses images pour s'approcher du garçon a très grande vitesse, plaçant son visage extrêmement proche du sien, avant de finir la phrase de ses doppelgängers :

"_ Moi!"

Elle saisi le sugegasa sur sa tête et le posa sur celle de l'enfant, comme une marraine offrant un cadeau.

"_ Tu ne devrais pas te mêler des affaires des autres. C'est toujours dans ces cas la qu'il arrive de malheureux incidents..."

Un bruit vient alors crépiter a l'oreille d'Akira... Un son très caractéristique... Venant du parchemin explosif collé a l'intérieur du chapeau de paille.

"_ Boom?"

L'explosion retentit.

L'explosion m'aurait défiguré, saleté de miroir, c'est ce que je me disais précisément. L'épée était trompeuse, tout comme cet affrontement qui ne trouvera sans doute pas sa fin dans ces enchaînements illusoires. Alors la perte ne sera pas grande si je m'entête dans le chemin délicat des rêves.

Je repris goût au combat, puis, d'un coup d'un seul, j'envoyais valser un premier shuriken droit sur elle. Insufflant l'illusion surpuissante au travers même de cet insignifiant bout de fer, je développais là un kaléidoscope surpuissant. Un fil d'images et de sons noirs, un entraînement qui m'a coûté très cher.

Il était temps de révéler au monde qui était Akira Shizen. Le maitre tout puissant des tromperies et des rêves, que même un être aussi doué que celle que j'avais en face de moi ne pouvait renier, contrer et battre dans ce domaine.

Les cantiques suprêmes de Tsukuyomi, la technique la plus puissante que j'avais apprivoisé. Comptant me défaire une bonne fois pour toute de cet étrange adversaire, il m'apparût clair que si ce shuriken la touchait, j'aurais enfin fais un premier pas vers mon but ultime.

Tandis que l'illusion démontrait la traversée perfide du fer le long du décor jusqu'à celle-ci, la réalité la suivait comme pour dé-respecter le besoin de fausseté. Je pris le temps de me cacher derrière les restes du mur, ceux qui n'avait pas connu la frappe fulgurante de cette bête sauvage. Pris d'une violente migraine, mon esprit commençait à tirer sur la sonnette d'alerte. En effet, subir des

dédoublements constants de genjutsu n'était pas de tout repos pour nos organismes, nos cerveaux. Je m'écroule, genou flirtant au sol sale. Me tenant le front, ou plutôt, le cramponnant inlassablement et avec une force inouïe, je tente de maintenir l'illusion un maximum. Comment peut-elle encore tenir si droite ? Debout ?

Nous en étions au quatrième ? Cinquième ? Les échanges d'illusions, les retournements et les rêves eux mêmes nourris d'images fausses, se multipliaient comme une véritable garnison. Je n'arrivais moi même plus à les compter, flanchant, mon illusion se perdit.
Au final, j'étais là, derrière le mur seul à seul avec l'échec de ma tromperie. Le shuriken volant jusqu'à l'inconnu. L'illusion elle, avait presque atteint son but. Seulement, elle s'effondra comme une trainée de poussières. Le shuriken disparut de la vision faussée de mon ennemie, tandis que le vrai courrait à quelques lieux.

Il me fallut penser, analyser la situation. Alors que j'avais considérablement puiser mentalement, il me parût clair que la meilleure des choses à faire était de s'extraire de ce monde parallèle. Sinon, le danger m'aurait guetté. Chose dite puis faite, observant les bandages autour de mes avant-bras, une idée me vint.

Détachant à toute vitesse ceux-ci, je me tins prêt à activer mon sceau d'objets. Cette fois, je vais t'attaquer de plein front.

J'avais eu le temps d'invoquer mes shurikens. D'une formule simple de scellement puis de dé-scellement:

-Fuuinka no Bousu !

J'enchainais durant le temps qu'il me restait. (Celle-ci étant en pleine affaire avec mon agresseur de fer volant) Le mûdra du tigre effectué, j'activais un bruit léger significatif du chakra contacté par la prise.

-Shinkei kōfun.

Un flux abondant de chakra raiton traversa, d'une vitesse propre, à celui-ci mon système nerveux. Bientôt, mon corps lui même réagit et je devins l'éclair céleste que les contes citaient. Un héros dôté d'une rapidité significative. Cependant, je vais devoir m'habituer aux nouvelles prestations de mon système nerveux, celles de mon corps revigoré.

Les shurikens matérialisés au contact de mon chakra apparurent les uns après les autres comme prévu. Le rythme était hyper-rapide, mais mon entraînement au shurikenjutsu me permit de suivre la cadence d'apparitions de ceux-ci.

Pourtant à l'abri, un clone apparût au dessus de moi, juste là sur les tuiles grises. Armé d'un tout puissant mastodonte de fer, il était prêt à me déchiqueter. C'était dangereux, elle savait où me trouver et surtout, elle n'était pas maladroite avec les quelques armes que le monde shinobi connaît.

J'envoyais valser une multitude de shuriken dans le corps de ce nouvel agresseur, d'un nuage de fumée, il confirma sa fausseté. En appui sur mes deux jambes, je bondis d'un large saut en arrière. Passant juste au dessus de la prétendue originale, il me fallait désormais riposter. Elle était armée d'aiguilles, je ne pouvais lire aucune nature de chakra avec mes yeux. C'est donc qu'elle ne pourra utiliser de ninjutsu contre moi, enfin un bon point.

J'envoyais valser près d'une cinquantaine de shuriken sur ma cible, ils continuaient de se matérialiser, vidant mon stock scellé. J'avais bien fait de renforcer celui-ci, dieu merci. Le décor était véritablement maussade, nous l'avions, déjà, bien entamé. De débris et de quelques vestiges de pierres sales étaient jonchés le sol pourtant à peu près net initialement.

Je devais réagir avec plus d'intensité face à cet ennemi visiblement très doué, même peut être plus que moi. Je dois le reconnaître, je ne fais pas forcément le poids, surtout lorsque l'on sait que je suis en pleine mission face à un vaste néant de méconnaissances.

Les fers filèrent tous dans la même direction, comme aimantés par celle-ci. Quelques gouttes de sueurs claquaient le long de mes temps, de mon faciale tiré par la hargne que j'insufflais au combat. Cette fois, je joue une grosse carte. Si je loupe un enchaînement fulgurant mais pas entièrement maitrisé, alors elle aura la mainmise sur moi. Je me dois de réussir. Mon gokkan se chargea d'insuffler assez d'énergie pour abattre ma cible. Puis, j'activais le chakra initialement insufflé d'un mouvement de paumes. Un claquement sec et rude activa l'électrisation de chacun de mes projectiles entre eux créant un formidable tonnerre autour de ma cible.

-Sankakukei no Tsukuyomi ! Le triangle de tsukuyomi !

Je pariais énormément sur mes heures d'entraînements. Je donnais tout pour cet enchaînement.

Alors que le son des getas frappant les tuiles retentissait, une aura électrique apparut autour d'Akira, éclairant la sombre ruelle d'une lumière de couleur bleue. Le clone de Lilith, prêt a trancher l'ennemi en deux dans le sens de la hauteur, reçu une multitude de projectile sur le corps avant de disparaître comme il était apparut, dans un nuage de fumée blanche. La vitesse du garçon avait considérablement augmenté, tenter de le toucher avec les aiguilles serait un gaspillage de minition. Ne perdant pas de temps pour riposter, Akira exécuta un saut qui le plaça sur le toit non loin de Lilith. Posant sa main sur le sceau de scellement sur son avant bras, il laissa deviner a son adversaire sa prochaine action. Une pluie de shuriken lancé a cette vitesse étant ennuyant a dévier avec une arme aussi grosse que son nodachi, la jeune femme préféra user de subtilité. Au lieu d'exécuter son tir en direction de Yojimbo, comme il souhaitait le faire, le garçon projeta ses armes en l'air juste au dessus de sa tête. L'illusion du détournement était vraiment un jutsu puissant. Les projectiles atteignirent une altitude honorable, avant de se faire rappeler vers le sol par la gravité, prenant dangereusement la direction du sommet du crane de leur propriétaire. Celui ci, qui ne tarderait pas a remarquer le subterfuge, aurait une toute petite fenêtre de temps pour appliquer une esquive correcte. Avec son armure de foudre, Lilith ne doutait pas qu'il y parviendrait. Dans le pire des cas, il finirait avec des blessures légères. Contre toute attente, le garçon ne s’arrêtât pas la. Effectuant un mouvement rapide avec la paume de sa main, il électrisa entre eux la cinquantaine de suriken qui redescendait vers lui a une vitesse folle.

"_ Sankakukei no Tsukuyomi ! Le triangle de tsukuyomi !"

*C'est pas bon...* pensa Lilith *A cette allure, il va se tuer tout seul...*

La jeune femme courut en direction de son adversaire et saisi celui ci par la manche. L'aura de foudre entourant le jeune homme lui fit grésiller la main et une odeur de chair brûlée se dégagea de sa peau. Grimaçant de douleur, elle bondit en contre bas, entraînant avec elle le garçon pour qu'il échappe a sa propre technique. Une fois tous deux de retour sur le planché des vaches, elle fit rapidement un bon en arrière pour reprendre ses distances. A ce moment même, les projectiles foudroyant s'appliquaient a détruire consciencieusement le toit de la salle d'eau, tel un gigantesque éclair, projetant autour de lui des dizaines de tuiles de façon aléatoire. Le Konoha-jin avait du talent. Lilith ne s'attendait pas a ce que le garçon utilise une technique aussi puissante.



A l'intérieur de la taverne, le barman leva une fois de plus la main de la lame accrochée a sa ceinture. Passant la porte d'entré, ses amis, Jo et Linn, s'avancèrent vers lui.

"_ Héhéhé Bob! Sers nous du saké!"

Le gros homme tendit la main vers une coupe supposée propre en ouvrant la bouche pour répondre lorsqu'un bruit lourd résonnât dans la salle. Le silence se fit alors que le patron du bar et ses habitués se dirigeaient a la hâte vers sa source ; les toilettes. Bob ouvrit la porte a la volée pour constater un spectacle désolant. Ce qui se trouvait devant ses yeux ne ressemblait plus a une salle d'eau, mais a un champ de bataille. Le plafond s'était écroulé sur le sol autrefois carrelé de blanc. Les éviers et les toilettes semblaient avoir été arraché, et de grands geysers crachaient des litres d'eau dans toutes les direction. Au fond de la "pièce", le mur n’existait plus, laissant le patron et les clients voir clairement un garçon et une jolie jeune femme dans la rue, de l'autre coté du carnage. Lilith regarda Bob dans les yeux, en lui lançant son genjutsu de Soumission Illusoire, pour lui inspirer la plus grande confiance possible. Prenant un air d'idiote et une voix aiguë, elle appela a l'aide :

"_ Monsieur! Aidez moi! Il est fou! Il va tout casser!"
"_ Chopez moi ce petit con et vous aurez une tournée générale!" hurla le barman, hors de lui, a l'attention de ses clients.

Lilith fit un clin d’œil discret a Akira avant de courir hors de la ruelle en esquissant un sourire. Le temps que le garçon se débarrasse de la foule, elle serait déjà bien loin.

Elle m'avait sauvé. Je ne pus empêcher mon instinct naturel de fonctionner. Honte et dépit étaient de la partie, tout naturellement. Malgré son geste, mon adversaire avait fait preuve d'une légère fourberie. Celle de me laisser m'expliquer avec la bande de curieux ivrognes. J'étais encore méconnaissable, alors que je remettais en place ma capuche. D'un clin d'oeil, elle signa la fin de notre confrontation. C'était une rencontre intéressante, captivante, dirais-je même. D'un bond d'un seul, je m'enfuis. Partant pour de nouvelles contrées à la recherche de Tao.

Nous fûmes les pires malfrats de ce jour pour le petit village de Trann. Un duo de malfaiteur qui avait explosé la chère et coquette taverne de la commune. Un sentiment ne me quitta pas toute l'après-midi. J'avais une désagréable, nauséabonde, exécrable, sensation d'avoir échoué. Et si elle ne m'avait pas sauvé ? Si elle n'avait pas été assez sournoise mais bienveillante, celle-ci aurait muni sa main de son fer musclé. Puis elle aurait répandue quelques trainées de sang sur le sol, tout près de mon cadavre.

Les scénarios probables ou possibles étaient assez nombreux, c'est pour cette raison que mon esprit joua à la torture. Faiblard, je me sentais dénué de sens et de talent face à un échec qui se présentait comme cuisant. Plus que tout et n'importe qui, je dois réussir, ce besoin incompréhensible mais aussi indescriptible fit jaillir en moi un frisson énorme.

Pour une première fois, je me surprenais à penser à quelques idées noires. De l'ordre de quoi ? Je n'ai même pas envie d'y penser davantage. Seul à seul avec ma conscience, je ressentais un élan peu vif mais bien réel pour la vie ailleurs.

Le soir, je couchais dans un hameau à quelques heures au nord de konoha. Sans le savoir concrètement, je m'endormis en sachant que je retrouverai Tao, le tuerait et exprimerait au moment de mon geste une sorte de nonchalance mélancolique teintée de regret. Comment ? Nous n'aurons la réponse que bien plus tard.