L'adaptation à la vie sauvage n'était pas aussi complexe que je l'avais imaginée. Nous aurions pu dresser un tableau propre et classique, celui du jeune survivant dans la nature nourri de groseille et de fruit rouge. Mangeant pile à sa fin en élaborant différent système de survie. En fait, la nature vous rend bien la patience et la malice. Je prenais à la bouche tout ce qui me passait sous le nez. Il ets vrai que certaines fois, quelques fruits rouges venaient rehausser les saveurs de mes déjeuners. Chassant parfois le gibier pour garder quelque force, je devinais l'astuce avec laquelle celui-ci avait apprit à se jouer de l'Homme. Une relation de chasseur et de chassé que j'apprenais à comprendre, doucement.

Je n'aime cependant pas m'attaquer à l'animal. J'attaque contre gré, c'est avec un soupçon d'hypocrisie que je conte cette histoire car au final la viande grillée se cale entre ma dentition devenue sale au fil des jours. Quelques bout de cerf bien cuisiné se mêlaient à mon palet. Pris de soif, je buvais aussi les quantités d'eau minimes que je trouvais dans les rivières et les sources. C'est ainsi que je conte le récit sauvage du déserteur de Konohagakure. Parfois, il m'arrive de penser aux parents que j'ai toujours cherchés. Ces êtres que j'imagine du mieux que je peux, en absorbant les images de contes et d'histoires. Ma mère portait un visage doux et agréable, laiteux comme la lune, blanc comme ma chair. Des mèches comme ma môman, c'est ça que je voulais tenir d'elle. Ma crinière noire scintillant bleue à la rencontre du soleil et ses éclats. La crispation constante de mon visage et les traits les plus durs de mon faciale, c'est du paternel que je les tiens. Au delà de l'aspect physique, je me demande si c'est mon père ou bien ma mère qui était doté d'une hypersensibilité aussi poussée que la mienne. A moins que je ne sois que l'oeuvre d'une nature jolie et imparfaite. Longtemps j'ai cramponé le rêve classique de l'orphelin assoiffé, affamé, dépourvu d'affection parentale. Lorsque j'observe le ciel, quelle que soit sa contenance et ses traits, j'imagine qu'un être me contemple lui aussi. J'imagine un Homme capable d'empathie à mon égard, fier. Un sourire idiot reforma mes lèvres, ma bouche toute entière. Un hochement positif puis négatif de la tête, comme pour ponctuer un questionnement qui n'a de cesse de me harceler. Un jour viendra.

Je pousse des mains sur ma tunique, sur mes genoux. J'enfile l'armure que j'arbore toujours fièrement, de mon Konoha natal. Un serrement au coeur qui se symbolise par les poings, une mâchoire tout aussi crispée et me voilà repartit. Soif d'apprentissage, j'entamais mon premier vrai entraînement dans la vie libre et sauvage. Près de moi coule une rivière dont je ne connais le nom, j'en approche pour me ressourcer et décide de m'asseoir pour entamer ma méditation, un acte constant pour l'apprentissage du fuinjutsu.

Après quelques minutes, la paix me prit enfin. Une paix psychologique nécessaire, je signe de la main puis trace le kanji au sol. Le sceau se forme. Le mouvement me semble moins complexe que ce dont j'ai déjà pu apprendre. Seulement, la répétition forcera les choses à se faire, à satisfaire la réussite. Alors que je réitère quelques mouvements, j'aperçois Shizen qui revient, la bête avait trouvé le repos près d'une branche, juste au dessus de moi. C'est un fidèle compagnon. Il virevoltait dans les airs comme une mélodie douce et vive à la fois. J'esquisse un sourire malgré ma concentration, il posa pattes sur mon épaule droite, car rien ne change à force.

Il criait quelque chose, sans savoir pourquoi, mon regard s'extirpa de la rivière. Un autre oiseau, plus rare et moins familier, peuplait ce lieu source de bonheur.

-Un fau-, un faucon, Shizen ?

C'était en effet cet être majestueux et élégant qui avait atterri tout près de moi. Doucement, évitant les gestes brusques, je fourrai ma main dans ma sacoche la plus propre. la sacoche à graine. Ma main bien garnie pour une première bouchée, il ne fut cependant pas réceptif. Alors j'en donnai un peu à Shizen et en étalai sur la largeur à quelques poignées de centimètres de notre rencontre d'alors. Il approcha sans énervement, sans bruit soudain. Je trifouille dans ma poche personnelle puis lui élance quelques trésors rougeâtres au bec, d'un saut il s'en délecta.

-Je m'appelle Akira, Akira.

Je répète parfois mon nom, comme pour chercher la confiance et la compréhension de ces êtres que j'affectionne tant. Il approchait encore, l'appat des mûres fonctionnait donc. Je ne sais pas ce qu'affectionne les oiseaux en général, encore moins les faucons. Je continuais mon discours d'une bêtise sans nom, après tout, ça avait bien fonctionné avec le moineau.

-C'est un pelage rare que tu possèdes, je suis content de faire ta connaissance. J'ai toujours aimé les faucons.

Un oeil sur Shizen, j'attaquais la séduction.

-Lui s'appelle Shizen, nous faisons route ensemble jusqu'aux contrées de l'est. Le pays des vagues dit-on, le connais-tu ?

Le moineau s'égosillait près de moi, il lui parlait sans doute.

-Tape une fois pour oui, deux fois pour non. C'est ainsi que je discute avec Shizen.

Un sourire niais m'apparût, mon visage se décontractait et se déconcentrait en même temps. Un air paisible coulait sur mon expression, je pouvais le déceler au fond des pupilles du majestueux volant. Il tapa une fois sur le sol, encore prudent, peut être apeuré.

-Tu n'as qu'à continuer la route avec nous, je te nourrierai bien, même si ce ne sont pas des festins auxquels je m'adonne.

Je refermais les paupières pour repartir dans une sorte de transe, le kanji signé au sol, il était temps pour moi de reprendre le court de l'entrainement. La chose fut bien vite apprivoisée je dois dire. C'était un scellement classé rang B dans les livres, je crois que cette journée, au delà de l’aspect ninja, m'a permit de me recadrer et me resituer. C'est dans une nouvelle peau que je repris le chemin pour les contrées du Nord.

Malgré tout, le pincement au coeur subsistait, Konoha que je t'aime.